Suivra la présentation de
Jean-Michel Bilemdjian du livre de Karnig Panian (dont il est l’un des traducteurs en français) « Mémoires d’un orphelin arménien. 1914-1920 » paru en septembre 2018 aux éditions Maisonneuve&laRose et éditions Hémisphères.
Témoignage exceptionnel : celui d’un enfant confronté à l’horreur du génocide des Arméniens. Gurun en Anatolie, avril 1915. Karnig Panian a cinq ans. Roulements de tambour : le crieur public annonce la mobilisation générale.
Les conscrits arméniens rejoignent leur centre de recrutement ; ils ne reviendront jamais. Quelques semaines plus tard, une caravane de déportés, dont 22 familles du clan Panian, quitte la ville pour le camp de concentration de Hama, aux portes du désert syrien. Des centaines de malheureux y meurent chaque jour. Karnig perd successivement sa mère, sa soeur, son jeune frère. Il est accueilli à l’orphelinat arménien voisin, puis, sur ordre de Djemal Pacha, envoyé avec plus de mille autres enfants à l’orphelinat d’Aïntoura, près de Beyrouth, afin d’y être « turquifié ».
Karnig Panian livre un témoignage bouleversant des méthodes inhumaines appliquées par l’administration de l’établissement : attribution d’un numéro de matricule, échange des noms et prénoms arméniens avec des noms et prénoms turcs, interdiction de parler l’arménien et de faire une quelconque référence à la religion chrétienne, humiliation permanente et sanctions d’une sauvagerie inouïe.
Pourtant, la résistance des orphelins s’organise, dirigée par les plus âgés (14 ans). Mais malgré un comportement héroïque, trois cents enfants mourront, vaincus par la famine et les mauvais traitements. Avec la défaite des ottomans en 1918, les orphelins sont définitivement libérés de la barbarie turque. La résistance et la volonté de survie de ces très jeunes garçons sont exemplaires et forcent l’admiration.